Jean-​Pierre Corbel

  • Cor­bel Gallery, Luxembourg

Le com­bat de Peter Pan

Je ne sais pourquoi mais dès que j’ai ren­con­tré Alain Godon, j’ai pensé au Petit Prince et à cette phrase du Renard «Voici mon secret. Il est très sim­ple: on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invis­i­ble pour les yeux». Eton­nant non ! D’autant que j’aurais dû utiliser cette métaphore pour une œuvre abstraite, com­plexe, « codée »… La pein­ture d’Alain nous sem­ble pour­tant évi­dente de prime abord, naïve, acces­si­ble et conçue pour le plus grand nom­bre… Et c’est bien ainsi ! Mais il y a quelque chose caché derrière.

Si je vous dis que sa pein­ture est une pein­ture de com­bat, vous allez rire et pour­tant c’est mon credo… C’est le com­bat de Peter Pan, de ceux qui refusent le cynisme de notre monde, de ceux qui éri­gent Prévert comme un éten­dard : « Il faut essayer d’être heureux ne serait-​ce que pour mon­trer l’exemple ». Ah, ça vous paraît sim­ple ? Alors ouvrez les yeux et regardez le monde tel qu’il est, ce monde de con­som­ma­tion que l’on nous pro­pose au tra­vers d’une lentille défor­mante, défor­mante de l’image et défor­mante d’un spec­ta­teur pas­sif ; ce monde qui ne s’intéresse plus à la beauté sim­ple du temps qui passe parce que le temps, c’est de l’argent et que chez nous Mon­sieur, on ne laisse pas passer l’argent. Ah, çà vous paraît sim­ple ?
Alors allez trou­ver en vous cet enfant que vous avez bâil­lonné et qui se débat pour exis­ter… Il vous dira l’amour qu’il cherche encore, celui qu’il n’a pas su don­ner… Il vous par­lera de cette fée clo­chette qui dort, dans le froid, sur le bord de la fenêtre et que vous refusez d’entendre par peur qu’en ouvrant les volets, vous laissiez passer le cap­i­taine Cro­chet. Alors ouvrez, n’ayez plus peur, écoutez cette voix, osez un monde en couleur ! Ca y est ? Vous y êtes ? Vous percevez les couleurs ? Vous sen­tez le mou­ve­ment ? Alors bien­v­enue au pays d’Alain Godon, c’est un endroit rare, pré­cieux, réservé aux ini­tiés qui par­lent le lan­gage du cœur, à ceux qui ont tombé les armures, les pré­ten­tions et qui n’ont plus peur de par­ler d’amour, qui n’ont plus peur d’être aimés.
Au détour d»«Extravaganza», vous ren­con­tr­erez peut être Alain… Vous le recon­naitrez bien sûr : il s’est déguisé en d’Artagnan pour mener de nou­veaux com­bats et il vibre encore plus fort que son monde. Dites lui que mes galeries sont ses ambas­sades et que je l’attends pour par­tir vers de nou­velles aven­tures à Lux­em­bourg et, demain, aux qua­tre coins du monde…

Jean-​Pierre Corbel

Cor­bel Gallery, Luxembourg