• L’ARTISTE
  • Godon, en quelques mots…

Alain Godon, en quelques mots…

L’on restera tou­jours émer­veillé face à ces enfants qui ont pu tri­om­pher de peines immenses et se recon­stru­ire pour en faire une vie d’homme, écrit Cyrul­nik. De ce tra­vail de recon­struc­tion peut naître un artiste posant un autre regard sur le monde de la nor­mal­ité des émo­tions, de la vie au quo­ti­dien, de l’être plongé dans l’urbanité.
Ce tra­vail de recon­struc­tion a pris du temps au petit Godon. Il a été achevé de par une ren­con­tre. Une ren­con­tre avec une femme, une femme qu’il a main­tenant épousé comme on épouse l’évidence. L’évidence de s’être enfin accepté lui-​même. Car les chemins bourbeux qu’il avait dû emprunter ont rendu plus désir­able une aube spir­ituelle et plus tenace l’exigence d’un idéal : celui de pein­dre, de vivre la pein­ture, de vivre de sa pein­ture. Il a 29 ans, nous sommes en 1993. C’est parti…

S’il est déjà reconnu cette année-​là comme vision­naire, Il lui fau­dra tra­vailler sans relâche durant les deux ans qui suiv­ront pour se forger, à coups de pinceaux, un style et une tech­nique qui vont aboutir à sa pre­mière grande expo­si­tion au Tou­quet en 1996. Acharné au tra­vail, il est aussi per­fec­tion­niste dans son for­mal­isme. Ainsi, de 1996 à nos jours des dizaines d’expositions dans des galeries pres­tigieuses de Lille, Paris, Ams­ter­dam, Den­ver, New York lui seront con­sacrées. Les musées aussi lui ouvrent leurs portes, les livres sur son oeu­vre se suc­cè­dent aussi..

Première expo­si­tion en 1994 au Palais de l’Europe du Tou­quet, ville bal­néaire du Nord de la France fréquen­tée par la petite bour­geoisie esti­vale parisi­enne. Il loue le lieu pour une journée, y expose 26 toiles. Aucune d’entre elles ne pren­dra le chemin du retour vers son ate­lier. Une chance aussi ; il va au cours de cette même expo­si­tion émou­voir un galériste de renom. Celui-​ci lui ouvre la porte. Il s’y engouf­fre, il a con­fi­ance et cette con­fi­ance est réciproque ; un for­mi­da­ble point d’appui pour s’affirmer dans cette recon­struc­tion.

Mais que font donc les pinceaux de Godon pour lui tracer un tel des­tin ? Sans doute de par un bon poil d’humour, mais assuré­ment grâce à tous les poils réu­nis dans sa ten­dresse et son talent.

© Pho­tos de Georges-​Felix Cohen